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Interview : Apprendre à vivre avec le HANDICAP VISUEL


 

La psychologue Anna Rita Galiano est Maître de Conférences en psychologie du handicap à l’Université Lumière Lyon 2 et intervient également au sein de l’organisme de formation IFMK DV à Lyon. Pour ce dossier spécial, elle nous éclaire sur le rôle du psychologue dans le parcours de la personne après la survenance d’un handicap visuel.

LUMEN : Dans quelle mesure l’apparition d’une déficience visuelle modifie-t-elle le quotidien de la personne?

Anna R. Galiano : La présence ou l’aggravation d’une déficience visuelle au sein d’une famille demande un remaniement à tous les niveaux. On est beaucoup plus dépendant des autres, surtout dans un premier temps. C’est souvent une situation difficile à accepter. Grâce au travail psychologique on voit les personnes mieux comprendre la situation de façon personnelle mais également au niveau familial. Cela leur permet de parvenir à un nouvel équilibre qui se révèle profitable pour la personne mais également pour son environnement.

L : Quels sont les enjeux pour la personne en situation de handicap ?

ARG : Pour une personne qui a perdu la vue à l’âge adulte, l’enjeux majeur est de ne plus savoir à quel monde on appartient, d’autant plus que nous sommes dans une société où le visuel prime. Le sujet va intégrer un monde où, sur le plan cognitif, il a tout à développer. Il est parfois compliqué d’intégrer cette nouvelle identité et ce nouveau fonctionnement qui est très éloigné de la personne voyante qu’il était avant. Ces personnes sont souvent amené à utiliser des outils comme la canne blanche qui va accentuer encore plus leur mal-être car cela va rendre encore plus visible le handicap. On voit beaucoup de jeunes adultes se mettre en position de rejet dans un premier temps.

LUMEN : Quel est le rôle du psychologue?

ARG : Le psychologue a un rôle complexe. Il y a deux aspects principaux puisque le psychologue va travailler avec l’équipe pluridisciplinaire qui entoure le déficient visuel pour offrir une meilleure lecture de la psychologie du sujet. En parallèle, il y a, bien évidemment, tout le travail avec la personne. Je suis souvent amenée à rencontrer des personnes adultes qui sont devenues aveugles ou malvoyantes au cours de leur vie. Mon travail est de les accompagner dans cette période de deuil de la “vie d’avant” pour leur permettre de se reconstruire dans cette nouvelle identité.

DEFI DU MIEUX ÊTRE

LUMEN : Relever le défi du mieux être, est-ce finalement d’arriver à repartir sur de nouveaux projets?

Anna R. Galiano : Avant d’arriver à se lancer dans des projets, un gros travail est fait en amont pour apprendre à vivre avec son handicap et rompre l’isolement dans lequel le déficient visuel peut se trouver. La plupart des personnes en situation de déficience visuelle disposent d’aides suffisantes et n’ont pas besoin matériellement de travailler. On s’aperçoit pourtant, et c’est le cas dans l’institut de formation dans lequel je travaille (IFMK DV à Lyon), que la personne qui retrouve un emploi ou démarre une formation, se sent plus légitime dans la société. L’engagement associatif peut également être positif dans le cadre de l’intégration sociale des sujets en situation de handicap visuel.

L : Quel est le rôle de l’entourage?

ARG : L’entourage joue un rôle essentiel. Cela fait partie des premières questions que je pose lors de la rencontre avec la personne déficiente visuelle :”Etes-vous soutenue par votre entourage?”. C’est très important dans la mise en place de ce projet car on s’aperçoit souvent que lorsque ce soutien n’est pas réel, le sujet se retrouve, assez rapidement, dans une situation d’abandon du projet. L’excès de présence de l’entourage peut également être problématique. Comme dans beaucoup de situations de handicap, on peut parfois être confronté, de la part des proches, à une situation de surprotection. Dans ce cas, l’entourage est trop présent dans la vie et les décisions de l’individu. Cela ne favorise pas l’autonomie et le sujet se retrouve souvent en échec. Il est donc essentiel pour les proches de trouver un juste équilibre.

L : Quels conseils donneriez vous?

ARG : Nous sommes plutôt dans une dynamique d’insertion en milieu ordinaire quand cela est possible. Il n’y a pas de modèle à suivre, ni de route toute tracée. Quel que soit son projet, la volonté et l’investissement personnel est indispensable à la réussite. Il faut donc trouver un projet pour lequel on a une grande motivation, que ce projet soit professionnel, dans le monde associatif ou plus personnel.

 

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